Afin d’encourager une utilisation innovante de l’aluminium dans le secteur du bâtiment, le Centre d’expertise et d’innovation sur l’aluminium d’AluQuébec (CeiAl) a organisé un concours en 2017-2018 sous le thème L’architecture engagée dans nos communautés, une affaire d’aluminium.
En collaboration avec l'Association des Architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ) et grâce à un appui financier du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI), cet appel à la création était ouvert aux architectes et à leurs stagiaires.
Inspirés par les nombreuses propriétés de l’aluminium (polyvalence, légèreté, malléabilité, résistance à la corrosion, conductivité, recyclabilité, etc.), les architectes étaient invités à imaginer un bâtiment de moins de 120 mètres carrés qui mettrait en valeur les qualités intrinsèques de l’aluminium, un métal encore trop méconnu et sous-utilisé dans le domaine de la construction. Afin de répondre à une perspective sociale et durable, les architectes devaient proposer un projet structurant, sous forme de dessins ou de rendus, fortement ancré dans sa communauté ou dans son contexte socioculturel.
Présentés de manière anonyme, les projets avaient été notés en fonction de leur caractère novateur, de leur fonctionnalité, de leurs qualités formelle et écologique, de leur plus-value sociale et, bien sûr, de leur façon de valoriser l’aluminium.
De nouveaux points de rencontres culturelles, sportives ou sociales
Récipiendaire du Grand prix du jury et imaginé par le Groupe A / Annexe U (Érick Rivard, Marie-Noël Chouinard, Maxime Rochette, Keven Ross et Rémi Morency) Constellations a pour mission de créer de nouveaux espaces publics. Tantôt, ils sont enveloppants et introvertis, tantôt, tournés vers le monde extérieur au grand plaisir renouvelé des usagers. Installés sur d’anciens terrains de stationnement ou à proximité de lieux publics, ces nouveaux lieux satellitaires couverts sont voués à accueillir des activités sociales, culturelles ou sportives et à participer à l’effervescence de la ville. La construction est réalisée à partir de deux grandes feuilles d’aluminium anodisé se dépliant pour former un abri invitant. La première feuille remonte à certains endroits pour former à la fois les bancs et l’enceinte alors que la deuxième, d’un fini lustré et brillant, flotte au-dessus de l’espace et se replie pour se poser doucement au sol. Percé de centaines de triangles, ce voile d’aluminium projette des jeux d’ombre et de lumière évoquant les effets du soleil ou la voûte céleste.
Unir deux grandes solitudes
Récipiendaire du Prix du public, le projet Sans détour, une création de ADHOC architectes (Jean-François St-Onge, François Martineau, Tania Paula Garza et Pascale Bornais-Lamothe) est de relier deux mondes, deux communautés qui ont tant à partager : l’urbaine et pétillante Verdun et la paisible Île-des-Sœurs. Comment ? Par l’érection d’un pont, littéralement. Créé entièrement d’aluminium, le pont revêtirait un aspect changeant au fil des heures du jour. Il serait translucide au coucher du soleil et laisserait transparaître la lumière dorée et plus opaque lorsque le soleil est à son zénith. Le projet prévoit une descente jusqu’au niveau de l’eau grâce à un escalier hélicoïdal et des plateformes panoramiques : un ajout qui se veut une façon de rapprocher les habitants de notre fleuve.
Rapprocher les producteurs fermiers et les consommateurs locaux
Les secteurs périurbains ou ruraux possèdent rarement des lieux physiques qui font le lien entre les fermiers et la population locale. Le Hub rural, un projet de Mercier Pfalzgraf architectes Inc. (Lino Gomes Alves, Julien Hébert, Zola Bilombo et Alexandre Dufour) a pour objectif de faire ce pont entre les deux univers et de devenir un lieu de rassemblement et de célébration du terroir. Pour ce faire, les concepteurs ont fait revivre la forme architecturale du pont couvert, familière et symbolique des paysages ruraux du Québec. Pour respecter cette analogie du pont, le concept inclut une structure composée de portiques structuraux en bois reliés par des connecteurs en aluminium, recouverts d’un toit de verre coloré et d’une peau d’aluminium. La construction est aussi munie de stores photovoltaïques pour générer de l’électricité afin d’alimenter les kiosques des marchands à l’éclairage DEL.
Une solution d’avant-garde aux écoles temporaires
L’état de vétusté de nombreuses écoles au Québec et les relocalisations qui en découlent sont de notoriété publique. Le projet L’école en mouvement de la firme Luc Plante architecture + design – Charles Godbout, Topo design (Luc Plante et Charles Godbout) est une juxtaposition de modules préfabriqués en aluminium d’une superficie de 118 mètres carrés chacun. Ce concept propose une solution de rechange emballante aux écoles temporaires. Totalement mobiles et démontables, ces espaces à aires ouvertes privilégient notamment la qualité de la lumière, de l’aération et de l’acoustique ainsi que la polyvalence de l’aménagement, favorisant un cadre de vie dynamique et sain pour les élèves. Ne requérant pas de fondation excavée, ces nouveaux lieux d’enseignement, constitués de cadres porteurs de 2,4 mètres sur 2,4 mètres qui se multiplient pour former le plancher et le plafond supporté par des colonnes et des poutrelles, peuvent s’installer sur le terrain adjacent aux bâtiments en cours de rénovation ou sur des terrains à proximité.
Un refuge d’urgence ou de plaisance pour l’hiver
Inspiré des igloos inuits et conçu pour les temps froids, Lollypop est un projet d’unités d’hébergement d’urgence ou de plaisance pour la communauté mis sur pied par Antonio Camara, architecte stagiaire employé au sein de la firme Provencher Roy. Composées de 36 modules de peau et de deux écailles en aluminium supportées par une structure en treillis, ces unités sont un charme pour les yeux. Concrètement, le refuge adapte de manière contemporaine le principe de ventilation des igloos. La chaleur est générée par les feuilles d’aluminium chauffantes sous le plancher et la ventilation rendue possible par la présence d’un oculus supérieur offrant un maximum de lumière naturelle. La simplicité de déploiement du système Lollypop, léger et malléable, permet d’occuper des espaces recouverts de neige. Bref, un espoir de chaleur lors d’une nuit d’hiver à -40°C et un phare de lumière pour le promeneur citadin.